Patrimoine : Le Beffroi Saint Martin et son quartier
Le Beffroi Saint-Martin
Durée de lecture : 6 à 7 min
L’église Saint-Martin a été l’église paroissiale de Souillac jusqu’à la Révolution. On ne sait rien de l’église romane dont provient sans doute le tympan sculpté, datable du milieu du 12e siècle, en remploi dans le portail ouest.
L’église a été reconstruite au cours du 14ème siècle dans le style gothique. Un beffroi a été ajouté fin 15ème début 16ème siècle, jouant à la fois le rôle de clocher et de système de défense. Son élévation de 33m permettait des vues étendues sur la vallée par-dessus tous les bâtiments déjà construits. Un escalier à vis de Saint Gilles, très étroit, permettait de monter dans les 4 étages du beffroi. Cet escalier existe encore, mais est fermé au public.
Au sommet de la tour, on aperçoit une sirène d’alarme, testée tous les premiers mercredis de chaque mois à midi. Composante du plan communal de sauvegarde, elle permet de prévenir la population d’un danger imminent : Rupture de barrage sur la Dordogne en amont de la commune ou incendies principalement.
En avril 1573, les troupes protestantes du seigneur de Gourdon envahissent la ville. Des habitants s’étaient réfugiés dans l’église paroissiale Saint-Martin et dans le beffroi d’où ils tiraient sur les agresseurs. Ceux-ci, pour réduire cette résistance placèrent une grosse charge de poudre sous l’un des piliers du beffroi. La moitié sud-ouest s’écroula et les assiégés se rendirent. La ville est alors livrée aux pillages et destructions (G. Maynard – Souillac sur Dordogne)
Après les dommages subis pendant les guerres de religion, la nef est réparée au 17e siècle, mais la tour-clocher est volontairement laissée à l’état de ruines. Il subsiste quelques gargouilles sur plusieurs côtés.
Désaffectée en 1789, trop petite pour l’importance de la collectivité, l’église paroissiale est remplacée par l’abbatiale Sainte Marie. En 1793, le culte de la Raison y fut installé, mais elle servit surtout de salle de réunion. C’est là qu’on y désignait par exemple, les instituteurs et institutrices, chargés désormais de l’enseignement des petits Souillagais, laissés sans magistère depuis le départ des bénédictins et des Mirepoises.
En 1802 (le 7 thermidor de l’an dix), le maire de la ville décide, pour des raisons sanitaires, de la construction d’un nouveau cimetière en dehors de la ville (situé actuellement rue Martin Malvy) en remplacement de celui utilisé jusqu’alors qui couvrait tout aussi bien le côté (actuelle place Sim Coppans) qu’une partie de la place Saint-Martin. À chaque creusement on extirpe les ossements de paroissiens entassés en vrac.
l’église est cédée en 1806 par la fabrique à la commune, qui la transforme en hôtel de ville en 1829.
Au début du 20e siècle, la nef est transformée en salle des fêtes et théâtre, partagée en 2 niveaux par un plancher. Pour accéder au niveau inférieur, deux portes furent creusées dans le mur côté rue du Capitaine Clavel ; les véhicules de pompiers y étaient garés. Au-dessus, la salle des fêtes était habituellement utilisée pour les projections cinématographiques, jusqu’en 1969, date de restauration de la mairie. C’est là aussi, qu’on y célébrait les mariages et réunissait le conseil municipal.
L’abside a été détruite et remplacée par un bâtiment tourné vers le boulevard destiné à l’hôtel de ville. Après 1985, l’édifice a été restauré pour l’Office du tourisme et la nef de l’église sert pour diverses manifestations, expositions, concerts, marchés…
Depuis 2017, elle accueille chaque automne (octobre et novembre) une exposition d’art contemporain dans le cadre du festival « Résurgence » en partenariat avec la communauté de communes Cauvaldor.
En 2021, la salle est reconfigurée en espace muséal. Elle accueille chaque année de mai à mi-septembre une exposition dite « estivale », ouverte au grand-public. En 2022 : « Joséphine Baker, un destin extraordinaire !», en 2023 : Valery Koshlyakov., en 2024 : « Sauvages ».
Depuis 2022, elle accueille également en janvier de chaque année, un marché primé aux truffes organisé par une association de trufficulteurs.
Le Tympan du beffroi Saint-Martin
Le tympan roman remployé représente le Christ trônant entre la Vierge et Saint Jean, et deux anges (dont un a disparu).
Description de l’édifice
- Matériaux du gros-œuvre : calcaire ; moellon ; pierre de taille
- Typologie de plan : plan allongé
- Description de l’élévation intérieure : 1 vaisseau
- Typologie du couvrement : Voûte d’ogives
Commentaire descriptif de l’édifice : L’église est à nef unique, voûtée d’ogives à liernes et tiercerons, excepté la première travée dont la croisée d’ogives est simple. Des arcades murées semblent indiquer qu’un certain nombre de chapelles avaient été construites entre les contreforts de la nef. Une seule subsiste au nord : un écu armorié est sculpté sur un piédroit de l’arc d’entrée ; elle est couverte d’une voûte d’ogives à liernes et tiercerons.
Protection et label
Beffroi : classement par arrêté du 22 avril 1925 – Ancienne église Saint-Martin : classement par arrêté du 23 juin 1925.
Autour du beffroi Saint Martin
Foires et marchés
Comme presque tous les quartiers du centre ancien, la place Saint-Martin, accueillait au 20ème siècle des foires le 4 et le 19 de chaque mois : ici prenaient place les ovins et caprins placés dans des parcs en bois.
Jusque dans la seconde moitié du 20ème siècle, les marchés avaient lieu deux fois par semaine : le petit marché du mercredi, et le grand marché du vendredi qui a encore cours aujourd’hui. Ils se tenaient place de la Halle (place Doussot) et place Saint-Martin. C’était une affaire de femmes qui, de la campagne, y apportaient leurs produits : légumes et fruits de saison, œufs, volailles etc. Tout était pesé avec la romaine. Ces ventes apportaient un petit revenu d’appoint permettant d’acheter des produits manufacturés, nécessaires à la vie de la ferme. La société de consommation pointait à peine le bout de son nez, les besoins domestiques de l’époque étaient très modestes
En automne, les cèpes et les noix faisaient leur apparition ; en décembre c’étaient les marchés au gras et c’est à ce moment qu’apparaissaient les paniers de truffes.
Le café restaurant du Beffroi
Il était déjà exploité en 1905 par M. Malbec. Mme Constant devait lui succéder, et bien d’autres ensuite.
Le pavillon Saint-Martin
Cet hôtel de charme est situé dans une bâtisse du 16ème siècle. C’est une ancienne dépendance du Grand Hôtel.
La rue Orbe
Orbe désigne forme courbée. La rue Orbe est l’une des plus anciennes de Souillac.
Elle épousait l’enceinte ou muraille qui cernait l’Abbaye de Souillac. Démolie avant la révolution de 1789, elle est remplacée par une rangée de maisons particulières ou d’extensions de jardins des maisons de la place de la Halle et de la rue du pont.
Son surnom peu glorieux de rue « merde en sauce », ou « merde en son » en patois, en dit long sur l’usage qui lui était réservée.
Un projet de percement de la rue, est porté par la municipalité en 2024. Il prévoit la connexion directe de la place Saint Martin à la place Betz (ou place de l’Abbaye) pour les piétons.
La maison de l’amiral Verninac
Un peu en contrebas, en direction de la Halle, on trouve la maison de l’Amiral Raymond de Verninac Saint-Maur, facile à reconnaitre avec les ancres marines présentes sur l’encadrement en pierre de la porte. Engagé dans la marine dès 17 ans, c’est lui qui commandera l’expédition chargée de ramener l’obélisque de Louqsor installé place de la concorde à Paris. Ministre éphémère pendant la seconde république, il est élevé au grade de contre-amiral par Napoléon III puis nommé gouverneur des comptoirs français d’Indochine. Son nom est gravé en lettres d’or sur le socle de l’Obélisque à Paris.
Cette maison accueillait les petites sœurs garde-malade. En 2024, elle doit faire l’objet d’une donation en faveur de la paroisse de Souillac pour y installer son nouveau presbytère. À l’intérieur de la maison se trouve l’autel en marbre de l’ancienne église Saint-Julien de Pressignac.
La rue du capitaine Clavel
Né en 1865 à Souillac, il est tué à l’ennemi à Bou-Denib (Maroc) en 1908. Il est Inhumé à Souillac. Ses biographes l’ont surnommé le Bournazel Souillagais.
La place Sim Coppans
Simon Coppans (1912-2000), universitaire et homme de radio franco-américain, cofondateur du festival de Jazz de Souillac. Un fonds Sim Coppans est présent à la bibliothèque de Souillac comprenant plusieurs centaines de livres, revues et disques vinyles consacrés à la musique américaine.
Quartiers connexes : Place Barnicou – Place de la Halle – Les promenades – Quartiers de la Nau et de l’Abbatiale.
Portes de curiosités :
Église paroissiale – fabrique – Obélisque de Louqsor – Truffe – Ovins & Caprins – Saint-Martin – Saint Jean – Escalier à vis de Saint Gilles – Nef – Joséphine Baker – Culte de la raison – Raymond de Verninac Saint-Maur – Calendrier révolutionnaire – Guerres de religion – Protestantisme – Nau – Art Roman – Art Gothique – Beffroi ou Tour porche – Tympan – Gargouille – Jazz – Musique américaine – Sim Coppans – Souillac en Jazz – Indochine – Maroc – Résurgence – Cauvaldor – romaine – magistère – orbe.
Auteurs : G. Maynard * J. Monteil ** G. Bouyjou ***
Sources : Monuments historiques Notice PA00095263 du ministère de la culture (Base Mérimée) – Revue les amis du vieux Souillac – Fonds patrimoniaux Ville de Souillac – Fonds La Forge Marie Anne Lacoste Valat.
Conception : Claude Rabuteau – Graphisme : Roxane Apprieux – Copyright : Mairie de Souillac